Nous appelons Moyen Age le millénaire qui s' étend des alentours
de l' an 500 aux environs de l' an 1500, c' est-à-dire des invasions
barbares et de la destruction de l' Empire d' Occident jusqu 'après la
prise de Constantinople par les Turcs (1453), qui marque la fin de Byzance,
dernier avatar et dernière survivance de l' Empire romain.
Ces dix siècles qui furent la fin du monde antique virent la naissance
de l' Europe, et lorsqu' ils s' achevèrent, la plupart des nations modernes
avaient pris forme, nom et langue, étaient cimentées par tout
un passé d' histoire particulière.
Transition entre la Romania et l' Europe, le moyen âge en a tiré
son nom. Nulle période de l' histoire, mise à part l' époque
révolutionnaire, n' a donné lieu à tant de légendes
gracieuses, niaises ou absurdes. La mode et le parti pris s' en sont mêlés
: au grand siècle, dédaigneusement, on affubla du mot gothique
(c' est-à-dire digne des barbares goths) notre merveilleuse architecture
française des XIIe-XVe siècles. Au XVIIIe, toute une campagne
de pamphlets fut menée contre les restes de la féodalité,
à grand renfort de contresens historiques, d' informations fantaisistes
et de phraséologie boursouflée. Entre autres « canards »,
on lança le « droit du seigneur» qui devait inspirer par
la suite tant de romans-feuilletons. Car le moyen âge, mis en vedette
par la politique, allait devenir un motif à exploiter. Victor Hugo écrivit
Notre-Dame de Paris et Les Burgraves, Viollet-le-Duc rebâtit le château
de Pierrefonds en un style prétendument restitué. On fit des reliures
« à la cathédrale », des pendules « style troubadour
»... Bref énormément d' imagination et une partialité
décidée « pour » ou « contre » une époque
dont on rêvait avec d' autant plus de liberté qu' on la connaissait
moins Le croirait-on, ces divagations ont contaminé nombre d' honnêtes
manuels de seconde ou troisième main, et voici pourquoi cette histoire
qui est la nôtre est en vérité fort mal connue du Français
moyen.
Pourtant elle a été étudiée avec diligence par maints
savants et des plus grands. Quantité de documents ont été
publiés par les savants Bénédictins, la longue lignée
d' érudits formés par l'Ecole des Chartes, les magnifiques éditeurs
des Monumenta Cermaniae Historica en Allemagne, des Rolls Series, de la Selden
society, en Angleterre. D' excellents travaux ont été poussés
sur quantité de points, des synthèses magistrales nous ont été
données, mais leurs résultats semblent n' atteindre qu 'avec lenteur
le public, même celui qui se croit informé, puisque des légendes,
dont la Fausseté a été péremptoirement démontrée,
trouvent encore créance (les "terreurs de l' an 1000" par exemple).
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Fonds sonore: Ductia
Disponible sur l' album: Les Musiciens de Provence Vol 1